Face à une trop faible couverture vaccinale, l’assurance maladie communique sur la nécessité de faire le point avec un médecin sur la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV)
C’est l’une des priorités de la Stratégie nationale de santé sexuelle et du Plan cancer. Pourtant les derniers résultats de la couverture vaccinale des adolescentes âgées de 11 et 19 ans sont loin des objectifs fixés par le ministère de la Santé et de la prévention.
Face à ce constat, l’assurance maladie a communiqué, au début de l’été, sur l’importance de la vaccination contre le HPV. Pratiquée en amont du début de la vie sexuelle, elle est alors le meilleur moyen de se protéger contre les infections à papillomavirus humain, et permet d’éviter jusqu’à 90 % des infections à l’origine des cancers. « Les parents des adolescents concernés par cette vaccination sont invités à en parler à leur médecin lors d’une prochaine consultation. » précise le communiqué.
Qui est concerné ?
Initialement réservée aux jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, la stratégie vaccinale est étendue, depuis janvier 2021, aux jeunes garçons de la même tranche d’âge. C’est une nouveauté qui répond aux recommandations de l’Académie nationale de médecine. Concrètement, 2 injections sont nécessaires pour une couverture vaccinale complète contre le papillomavirus. Elles doivent être espacées de 6 à 13 mois.
Par ailleurs, si la vaccination n’a pas eu lieu avant les 14 ans de l’adolescent, un rattrapage est possible entre 15 et 19 ans. 3 injections sont alors recommandées pour une couverture vaccinale contre le HPV. Une disposition spécifique autorise la vaccination des jeunes hommes ayant des relations avec d’autres hommes jusqu’à 26 ans.
HPV et vaccination
L’infection par le papillomavirus humain est une infection sexuellement transmissible (IST). Il s’agit d’ailleurs de l’IST la plus courante et c’est pour cette raison que la vaccination doit avoir lieu avant le début de la vie sexuelle. On estime qu’environ 80% des femmes et des hommes y sont exposés au cours de leur vie.
Au-delà de l’infection, les HPV peuvent provoquer des lésions susceptibles d’évoluer en cancers. Selon l’institut national du cancer, plus de 6000 par an seraient directement liés aux papillomavirus. En majorité féminins, un tiers de ces cancers concerneraient aussi des hommes. Et les localisations sont multiples : col de l’utérus (44%), anus (29%), oropharynx (22%) entres autres.
En matière d’épidémiologie, la vaccination préventive contre les HPV a fait ses preuves. Introduite dans de nombreux pays en 2006, une première étude suédoise a confirmé, en 2020, la corrélation entre vaccination et diminution du risque de cancer du col de l’utérus. En Suède, a ainsi été constatée « une réduction des lésions précancéreuses de 75 % chez les jeunes filles vaccinées avant l’âge de 17 ans en comparaison aux autres jeunes femmes. »
Plus de 79 pays ont recours aujourd’hui à la vaccination contre les infections à HPV, et une vingtaine ont recommandé son extension aux jeunes garçons. Une liste que la France vient donc de rejoindre. Elle accuse cependant un important retard en matière de couverture vaccinale.
Une couverture vaccinale insuffisante
Selon l’assurance maladie, la vaccination des jeunes filles contre les papillomavirus humains en 2020 a nettement reculé. Une situation en partie liée à la pandémie, mais la situation reste préoccupante. Les données des premiers mois, pour l’année 2021, confirment cette tendance. « Ce recul intervient alors qu’en France la participation à cette vaccination est déjà faible si l’on se compare à nos voisins européens. » ajoute l’assurance maladie.
En effet, la France affiche la couverture vaccinale la plus faible des pays européens où la vaccination contre les HPV est utilisée. Selon des données de l’OMS, 33% des jeunes française de la population cible ont reçu une dose de vaccin, contre 79% en Espagne et 82% au Royaume-Uni.
Un accès simplifié à la vaccination
Outre la communication de l’assurance maladie à destination des parents, le gouvernement a récemment annoncé le lancement d'une campagne de vaccination contre le papillomavirus au collège. A la rentrée 2023, le vaccin sera proposé aux élèves de 5ème.
Enfin, le vaccin peut désormais être prescrit et administré consécutivement par les infirmiers, sans consultation médicale préalable.
Adrien Collet (pour mapatho)